La fin de la saga Taisei au Pakistan

La reconnaissance et l’exécution des sentences arbitrales étrangères au Pakistan ont fait l’objet d’un examen et d’un développement juridiques importants. La Cour suprême du Pakistan a récemment rendu un arrêt historique visant à clarifier et à rectifier le cadre juridique entourant cette question, en l’alignant plus étroitement sur les normes internationales.

Contexte historique

Historiquement, l’exécution des sentences arbitrales étrangères au Pakistan nécessitait le dépôt d’une demande devant la Haute Cour provinciale concernée en vertu de l’article 6 de la loi de 2011 sur la reconnaissance et l’exécution (sentences arbitrales étrangères et accords d’arbitrage). (« Loi de 2011 »). Ce processus juridique simple est devenu compliqué en raison de divers jugements qui ont brouillé le paysage juridique, empêtrant la pratique d’arbitrage du Pakistan dans des controverses inutiles pendant plus d’une décennie.

Le cas de la société Taisei

En 2011, dans le cadre d’un arbitrage siégeant à Singapour et administré par la Chambre de commerce internationale de Singapour (« CCI »), un tribunal arbitral a rendu une sentence (« sentence ICC ») en faveur de Taisei Corporation (« Taisei ») contre AM Construction. Société («AMCC»). AMCC a ensuite déposé une demande en vertu de l’article 14 de la loi sur l’arbitrage de 1940. (« Loi de 1940 »), demandant au tribunal civil de Lahore d’ordonner à Taisei de déposer la sentence de la CCI auprès du tribunal civil afin que l’AMCC puisse la contester en déposant des objections. Taisei a contesté cette demande, arguant que le tribunal civil n’avait pas compétence et que la Haute Cour avait compétence exclusive pour statuer sur la validité d’une sentence arbitrale étrangère en vertu de la loi de 2011.

Le tribunal civil a rejeté la position de Taisei, estimant que la sentence de la CCI était une sentence nationale et, par conséquent, sujette à contestation devant le tribunal civil de Lahore. Taisei a fait appel de cette décision devant la Haute Cour de Lahore, qui a confirmé la décision du tribunal civil. Dans son jugementla Haute Cour de Lahore a déclaré que, puisque la loi de 1940 n’avait pas été abrogée par la loi de 2011, les pouvoirs généraux conférés aux tribunaux civils ordinaires en vertu de l’article 14 de la loi de 1940 restaient disponibles pour contester les sentences étrangères. La Haute Cour de Lahore a notamment jugé que, le contrat de sous-traitance sous-jacent entre les parties étant régi par le droit pakistanais, la sentence de la CCI était une sentence nationale. Taisei a ensuite déposé un recours devant la Cour suprême du Pakistan en 2012.

Simultanément, Taisei a demandé la reconnaissance et l’exécution de la sentence de la CPI en vertu de l’article 6 de la loi de 2011 devant la Haute Cour du Sind. L’AMCC a contesté avec succès cette demande sur la base de ses résultats devant les tribunaux de Lahore, ce qui a conduit au rejet de la demande de Taisei par la Haute Cour du Sindh. Taisei a fait appel devant la Chambre divisionnaire de la Haute Cour du Sind, qui a relancé la demande de Taisei, déclarant la sentence de la CPI une sentence étrangère. qui ne pouvait être contestée ou appliquée qu’en vertu de la loi de 2011. L’AMCC a contesté cette décision en 2016 devant la Cour suprême du Pakistan.

Procédures consolidées de la Cour suprême

La Cour suprême a regroupé les procédures des deux hautes cours provinciales (c’est à direla Haute Cour de Lahore et la Haute Cour du Sindh) pour déterminer si la sentence de la CPI était une sentence étrangère et si les Hautes Cours avaient une compétence exclusive sur ces questions. En février 2024, le juge Mansoor Ali Shah a rendu un jugement complet cela a considérablement clarifié la situation juridique.

Présomption en faveur de l’application de la loi

Le juge Shah a adopté la présomption favorable à l’exécution de la Convention de New York de 1958 (« Convention de New York de 1958 »), qui servirait à renforcer la confiance des investisseurs dans l’économie pakistanaise. Cette présomption souligne que les sentences arbitrales étrangères devraient généralement être reconnues et exécutées à moins que des motifs spécifiques de refus ne soient réunis, alignant ainsi la position du Pakistan sur les normes internationales.

Détermination du prix ICC en tant que prix étranger

Le juge Shah a également confirmé que la sentence de la CCI était bien une sentence étrangère car, bien que la loi applicable au contrat de sous-traitance sous-jacent soit la loi pakistanaise, le siège de l’arbitrage était à Singapour. La loi de 2011 a abrogé la loi sur l’arbitrage (protocole et convention) de 1937.adoptant ainsi une approche territoriale : le siège de l’arbitrage déterminerait le statut d’une sentence (c’est à direqu’il s’agisse d’une sentence nationale ou étrangère) et d’autres facteurs, tels que la nationalité des parties et la loi applicable au contrat sous-jacent, ne seraient pas pertinents dans cette détermination. Notamment, la décision du juge Shah a annulé des jugements antérieurs bien connus de la Cour suprême, notamment dans l’affaire de Hitachi contre Rupali [1998] SCMR1618.

Applicabilité rétrospective de la loi de 2011

L’un des aspects critiques du jugement du juge Shah a été la clarification de l’applicabilité rétrospective de la loi de 2011. En vertu de l’article 1(4) de la loi de 2011, la loi s’applique rétrospectivement aux sentences étrangères décernées à partir du 14 juillet 2005, date à laquelle le Pakistan a ratifié la Convention de New York de 1958 par une ordonnance présidentielle. Cette clarification garantit que toutes les sentences arbitrales étrangères rendues à partir de cette date seront soumises à la loi de 2011, fournissant ainsi un cadre juridique clair pour leur reconnaissance et leur exécution.

Implications du jugement

L’effet net du jugement de la Cour suprême est l’annulation des décisions des tribunaux de Lahore, tout en confirmant la décision de la Chambre divisionnaire de la Haute Cour du Sind. La tentative de l’AMCC de faire obstacle à la sentence de la CCI pour des motifs autres que l’article V de la Convention de New York de 1958 a été à juste titre rejetée par la Cour suprême. Les recours pour contester les conventions et sentences arbitrales nationales en vertu des articles 30 et 33 de la loi de 1940, par le biais de l’intervention des tribunaux nationaux, sont précisément les problèmes que la Convention de New York de 1958 visait à rectifier en ce qui concerne les sentences arbitrales étrangères. Les parties nationales doivent reconnaître sans aucun doute que, suite à l’adoption par le Pakistan de la Convention de New York de 1958 par le biais de la loi de 2011, il n’existe que deux manières de contester une sentence arbitrale étrangère : premièrement, en contestant la sentence étrangère en vertu du droit procédural du siège de l’arbitrage (c’est-à-dire la loi de l’État contractant où la sentence a été rendue) ; et, deuxièmement, par le biais d’objections au titre de l’article V de la Convention de New York de 1958 lorsqu’un créancier de la sentence demande la reconnaissance et l’exécution de la sentence étrangère contre le débiteur de la sentence. Toute autre voie, comme on l’a vu dans le cas de l’AMCC, est susceptible d’être juridiquement incorrecte et finira par échouer, bien qu’au détriment de la confiance des investisseurs pakistanais et de l’environnement favorable à l’application des lois. Le jugement de la Cour suprême constitue une étape importante vers l’amélioration du paysage de l’arbitrage au Pakistan. Il apporte la clarté et la cohérence indispensables au processus de reconnaissance et d’exécution des sentences arbitrales étrangères, alignant ainsi les pratiques du Pakistan sur les normes internationales.

De plus, cet arrêt souligne l’importance de faire la distinction entre les sentences arbitrales nationales et étrangères. La démarcation claire établie par la loi de 2011 et renforcée par la décision de la Cour suprême garantit que les sentences étrangères sont traitées différemment des sentences nationales, confirmant ainsi la nature internationale des sentences arbitrales étrangères et garantissant leur reconnaissance et leur exécution appropriées au Pakistan.

Perspectives d’avenir

L’arrêt de la Cour suprême crée un précédent pour les futures affaires impliquant la reconnaissance et l’exécution de sentences arbitrales étrangères au Pakistan. Il établit un cadre juridique clair que les tribunaux inférieurs doivent suivre, réduisant ainsi le risque de jugements contradictoires et d’incertitude juridique. Cette évolution est susceptible d’améliorer l’efficience et l’efficacité globales du processus d’arbitrage au Pakistan.

En outre, le jugement devrait encourager davantage de parties à choisir le Pakistan comme siège d’arbitrage ou comme juridiction pour l’exécution des sentences arbitrales. L’adhésion claire aux principes de la Convention de New York de 1958 signale à la communauté internationale que le Pakistan est déterminé à respecter les normes d’arbitrage international, ce qui en fait une destination plus attrayante pour résoudre les différends commerciaux transfrontaliers.

Conclusion

Le récent jugement de la Cour suprême du Pakistan sur la reconnaissance et l’exécution des sentences arbitrales étrangères marque un moment charnière dans l’histoire juridique du pays. En alignant les pratiques d’arbitrage du Pakistan sur les normes internationales et en adoptant la présomption favorable à l’application de la Convention de New York de 1958, la Cour suprême a franchi une étape importante vers la promotion d’un environnement juridique plus fiable et plus favorable aux investisseurs.

Ce jugement résout non seulement des ambiguïtés juridiques de longue date, mais ouvre également une voie claire pour l’avenir de l’arbitrage au Pakistan. Il veille à ce que les sentences arbitrales étrangères soient reconnues et appliquées efficacement, favorisant ainsi le commerce et les investissements internationaux. La décision de la Cour suprême témoigne de l’engagement du Pakistan à respecter ses obligations internationales et à fournir un cadre juridique solide pour l’arbitrage, essentiel à la croissance économique du pays et à son intégration dans l’économie mondiale.

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